Ministère de la vérité : le ministère japonais des communications propose une loi sur la désinformation


Récemment encore, le Center for Strategic and International Studies (CSIS), un influent groupe de réflexion de Washington, a expliqué comment les États-Unis et le Japon pourraient renforcer leur coopération dans la « lutte contre la désinformation ».

Dans un rapport, le CSIS note presque en passant que le Japon a généralement pris du retard dans cette activité, mais aussi que les représentants du groupe ont eu des réunions avec des fonctionnaires à Tokyo.

Coïncidence ou non, les nouvelles en provenance du Japon cette semaine indiquent que le ministère de l’intérieur et des communications du pays envisage d’introduire de nouvelles « mesures anti-désinformation ». Un projet de rapport note que les « efforts ne sont pas suffisants » et que la transparence et la responsabilité (ostensiblement de la part des sociétés Internet) n’ont pas été « adéquates ».

Cela suggère qu’un autre « ministère de la vérité » et une « loi sur la désinformation » sont en cours d’élaboration quelque part dans le monde, et qu’ils prennent forme alors qu’un projet de rapport détaille les mesures possibles auxquelles les entreprises de médias sociaux devraient adhérer à l’avenir.

Le rapport, qui émane notamment du ministère de l’Intérieur (également chargé des communications), évoque la nécessité pour les entreprises à l’origine des plateformes sociales de mettre en place elles-mêmes des « systèmes de contre-désinformation », qui traiteraient ce qui est considéré comme de la « désinformation » en supprimant ce contenu, mais aussi en renforçant le « filtrage des annonceurs ».

Une fois de plus, le temps semble être un facteur essentiel, car le rapport indique que la réaction doit être « rapide ».

L’étape suivante consiste à soumettre le projet à une certaine forme de débat public, après quoi la presse locale affirme qu’il deviendra « officiel », et l’étape suivante consistera à le transformer en loi.

On a l’impression que le Japon ne savait pas qu’il avait un problème de « désinformation » d’une ampleur telle qu’il nécessitait des règles nouvelles et rigoureuses, mais qu’il vient de s’en rendre compte et qu’il imite presque le ton et le langage utilisés depuis des années sur ce sujet dans de nombreuses régions du monde.

Ainsi, il existe des « définitions » vagues et générales – le contenu à traiter rapidement est celui qui « contient des erreurs évidentes, porte atteinte aux droits d’autrui ou est illégal (y compris la désinformation) ».

Le plan japonais précise que lorsqu’une « demande » émane d’une agence gouvernementale, « les opérateurs doivent prendre une décision rapide et notifier s’ils supprimeront ou non l’information ».

Qu’en est-il de la liberté d’expression ? Les auteurs du rapport semblent penser que cela suffira : « Le projet demande également à l’agence administrative de divulguer des informations telles que le contenu de la demande. »

Les récidivistes accusés de colporter de la « désinformation illégale » sont notamment visés : leur contenu sera supprimé et leur compte suspendu.

Lire aussi : Le Japon s’apprête à déployer une technologie de « détection des comportements » de type pré-crime

Source : Reclaim The Net – Traduit par Anguille sous roche


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