Les Nations unies avertissent que la géo-ingénierie pour lutter contre le changement climatique pourrait créer plus de problèmes que de solutions


Le rapport s’inquiète du fait que les réflexions à court terme et au niveau local pourraient conduire à des problèmes plus larges qui menacent la prospérité d’autres personnes.

L’Organisation des Nations unies (ONU) a publié un rapport dans lequel elle avertit que certains efforts déployés pour lutter contre les effets du changement climatique peuvent entraîner des risques supplémentaires. Le rapport souligne à quel point notre système est interconnecté et fragile au XXIe siècle et nous invite à ne pas nous focaliser sur des solutions à court terme qui pourraient avoir un impact sur la prospérité à long terme.

Le rapport constitue un appel aux armes, nous invitant à réfléchir et à répondre aux divers défis émergents susceptibles de perturber le bien-être de notre planète. Pour ce faire, il examine huit changements majeurs dans le monde, notamment le développement rapide de technologies telles que l’intelligence artificielle, la montée de la désinformation, les déplacements forcés de populations et la concurrence accrue pour des ressources naturelles limitées.

Parallèlement, le rapport examine comment les expériences de géo-ingénierie, comme la modification du rayonnement solaire (SRM) et d’autres technologies de modification du climat, pourraient être plus néfastes à long terme. Le concept consiste à ensemencer les nuages avec des substances qui les rendent plus réfléchissants, ce qui renvoie la lumière du soleil dans l’espace. L’éclaircissement marin des nuages est l’une de ces techniques, qui utilise du sel marin pour modifier les nuages dans une région donnée.

Bien qu’elle semble prometteuse, cette technique est controversée, car son utilisation locale peut modifier les conditions météorologiques ailleurs sur la planète, sans pour autant s’attaquer aux problèmes sous-jacents qui sont à l’origine du changement climatique.

« Reconnaissant que les technologies SRM restent spéculatives et très controversées, un examen scientifique et un discours public plus ouvert sur les implications […] sont essentiels à ce stade », explique le rapport.

« Choisir d’ignorer complètement les MRS à ce stade pourrait comporter ses propres risques, laissant la société et les décideurs mal préparés et potentiellement mal orientés. »

La compensation des émissions de carbone est également une préoccupation majeure. Il s’agit d’une tactique largement utilisée par les particuliers, les entreprises ou les gouvernements qui tentent d’annuler leurs émissions de combustibles fossiles en finançant des pratiques équivalentes de réduction ou d’élimination des émissions dans d’autres pays. Ces pratiques comprennent des éléments tels que la plantation d’arbres ou la restauration de forêts ou de zones humides, ou la prévention des émissions en premier lieu, grâce à des améliorations de l’efficacité énergétique ou en évitant de détruire des zones naturelles.

Cependant, de nombreuses pratiques de compensation impliquent une série de problèmes et d’activités douteuses qui nuisent à leur efficacité.

« Les problèmes vont de la faiblesse des processus de vérification, qui permettent à des projets fictifs ou frauduleux d’être certifiés, à la fausse représentation du potentiel de séquestration d’une activité ou à la vente en double de crédits individuels à de multiples acheteurs », indique le rapport.

Il y a de plus en plus de preuves et d’inquiétudes que les initiatives de compensation à grande échelle, même celles qui sont considérées comme ayant une « haute intégrité », ont surestimé leur capacité à contribuer à la limitation des émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

Malgré la nature inquiétante de certains des défis abordés dans le rapport, les auteurs tiennent à souligner qu’il existe encore des solutions.

« Face à la triple crise planétaire du changement climatique, de la perte de la nature et de la biodiversité, et de la pollution et des déchets », explique Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l’environnement, dans l’avant-propos du rapport, « nous pourrions facilement lever les bras au ciel et imaginer le monde de 2050 – dans 25 ans seulement – comme un endroit dangereux, endommagé, où la société humaine et l’environnement qu’elle habite sont confrontés à des menaces nouvelles et accrues ».

« Toutefois, le but de ce rapport n’est pas de prédire l’avenir. »

Il s’agit plutôt de « prévoir l’avenir », en s’appuyant sur l’expertise et les voix de divers milieux. Cela peut sembler être une distinction sans différence, mais M. Andersen pense qu’il y a plus que cela.

« Quelle est la différence ? La prédiction est passive : elle consiste à s’enfermer dans une vision de l’avenir. La prospective consiste à imaginer l’avenir et à chercher comment le changer. »

La réponse mondiale est, à ce jour, mitigée. La résilience locale devient plus évidente alors que les gouvernements peinent à répondre aux catastrophes et qu’à leur place, les communautés locales se mobilisent pour faire face à la situation. Bien que la situation soit loin d’être idéale, elle montre que les réseaux locaux peuvent jouer un rôle précieux dans la lutte contre les problèmes environnementaux.

Le rapport arrive deux mois avant le début du Sommet de l’avenir des Nations unies à New York. Les discussions porteront sur la manière dont la communauté mondiale peut respecter ses engagements et relever les nouveaux défis. Le rapport insiste notamment sur la nécessité pour les pays de définir des objectifs à plus court terme qui leur permettront de mesurer leur efficacité.

Lire aussi : Un essai de géo-ingénierie lance discrètement des cristaux de sel dans l’atmosphère

Source : IFLScience – Traduit par Anguille sous roche


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